Ce dont nous parlons ici, c’est de la voix parlée de "Monsieur et Madame Tout-le-Monde", ceux qui n’ont pas de problèmes fonctionnels spécifiques ou de pathologies vocales.
À l'encontre de cette idée reçue, il est important de comprendre que la manière dont nous utilisons notre voix ne dépend pas uniquement de notre génétique. En réalité, elle résulte en grande partie de notre environnement, en particulier des habitudes vocales de nos proches et de l'éducation que nous avons reçue durant nos jeunes années.
L’homme, comme beaucoup d'animaux, apprend par mimétisme. Ainsi, dès nos premiers mots, nous commençons à imiter les sons que nous entendons autour de nous. C’est à travers ce processus que notre voix se façonne, influencée par les sons, les tonalités, et les structures vocales de ceux qui nous entourent.
Pour ceux qui se demandent comment leur voix est produite, voici un résumé simplifié de son fonctionnement :
Le son de la voix provient d’un phénomène complexe, dont le souffle est le moteur principal. Ensuite, plusieurs facteurs interviennent, comme la manière dont les cordes vocales se rejoignent, l’aménagement des résonateurs internes (gorge, cavités buccales, nasales), le positionnement de la luette, de la langue, des joues, et des lèvres, ainsi que la qualité de la respiration, de la posture et du rapport à son corps. À cela s’ajoutent des facteurs psychologiques et émotionnels liés à notre personnalité et nos expériences de vie. Simple, n'est-ce pas ?
Pour illustrer cette mécanique, comparons la construction du geste vocal à un meuble en kit. Imaginez un meuble constitué de plusieurs pièces, chacune représentant un paramètre évoqué précédemment. Le plan de montage, bien sûr, est absent… Certains diront que, même avec un plan en main, l’assemblage peut être délicat… mais bon, ne compliquons pas l'exemple.
Au début, un enfant s’amuse avec les pièces du "meuble vocal", créant de joyeux gazouillis. Puis, en voyant ses parents "monter" ce meuble (en d’autres termes, produire des sons), il tente à son tour de reproduire les mêmes gestes. Mais voilà, certains enfants auront plus de mal à imiter, d’autres risquent de recevoir des "modèles" vocaux moins optimaux… Il y a aussi ceux qui, avec une bonne dose de créativité, trouvent des solutions inattendues pour assembler les pièces, et enfin, ceux qui réussissent à tout assembler parfaitement sans trop savoir comment ils y sont parvenus…
C’est ici qu’intervient tout l’intérêt du travail sur la voix.
La pose de voix permet de mieux comprendre, d’optimiser, voire de réajuster certaines étapes de ce processus vocal. C’est aussi un excellent moyen de se reconnecter à soi-même, car la voix est une fenêtre ouverte sur ce que nous cachons ou ce que nous n’osons pas exprimer de nous-même.
Je vous préviens, il ne suffira pas de quelques "astuces" lues en diagonale sur LinkedIn… pour se réaproprier sa voix ! Deux ingrédients essentiels, souvent peu populaires à notre époque sont indispensable : la patience et l’engagement.
On dit qu'il faut en moyenne dix ans pour qu'un chanteur lyrique maîtrise véritablement sa voix. Rassurez-vous, à votre échelle, quelques semaines suffiront… mais avec un résultat qui vous accompagnera pour toute votre vie.
Sophie Agoua